Illustration générée par IA pour représenter les inondations à Kinshasa pour IKODI IT & DESIGN SOLUTIONS

Éditorial

L’annonce est tombée comme un couperet : selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Avec une température moyenne dépassant de +1,52 °C les niveaux préindustriels, cette alerte planétaire est un signal d’alarme pour toute l’humanité. Mais à Kinshasa, cette réalité mondiale prend une tournure plus dramatique encore, car elle se heurte à une vulnérabilité locale aggravée par un urbanisme désordonné, souvent irresponsable.

Le réchauffement climatique se traduit par des phénomènes météorologiques de plus en plus violents et fréquents. Or, Kinshasa, mégapole en pleine croissance mais aux infrastructures fragiles, est mal armée pour y faire face. La ville étouffe, se noie, s’effondre, non seulement sous l’effet des pluies diluviennes mais surtout sous le poids d’un développement urbain mal pensé.

Les inondations meurtrières de ces dernières années n’ont rien d’un simple caprice de la nature. Elles sont la conséquence directe d’une urbanisation anarchique : construction dans les lits de rivières, édification d’habitations dans des zones à haut risque, obstruction des canaux de drainage par des déchets et des bâtis illégaux, bétonisation excessive des sols… autant de choix malheureux qui transforment une pluie en catastrophe.

Des études récentes montrent que le taux d’imperméabilisation des sols dans certaines communes a explosé, réduisant drastiquement la capacité naturelle d’absorption des eaux. Ajoutez à cela l’absence de plans d’urbanisme fiables — ou leur non-respect —, et vous obtenez une situation explosive, où même une pluie modérée peut provoquer des dégâts démesurés.

Kinshasa subit donc une double peine : celle du réchauffement global, et celle d’un urbanisme local défaillant.

Que faire ?

Face à cette urgence climatique et urbaine, les solutions existent. Mais elles exigent une volonté politique forte, une gouvernance responsable et la participation active de tous.

Voici cinq priorités pour changer la donne :

  1. Planifier et encadrer l’urbanisme
    Élaborer des plans de développement urbain basés sur les risques naturels, et interdire strictement toute construction dans les zones inondables.
  2. Investir dans les infrastructures de drainage
    Réhabiliter les canaux existants, en créer de nouveaux et garantir leur entretien régulier.
  3. Promouvoir un urbanisme durable
    Intégrer des solutions naturelles : espaces verts, sols perméables, bassins de rétention, etc.
  4. Assainir la gouvernance urbaine
    Mettre fin à l’impunité dans le secteur de la construction et faire respecter les règles d’urbanisme.
  5. Sensibiliser et impliquer les citoyens
    Informer sur les bons comportements à adopter : ne pas jeter les déchets dans les caniveaux, éviter les constructions à risque, exiger la transparence dans les décisions publiques.

Conclusion : Une année charnière

L’année 2024 doit marquer un tournant. Ce record de chaleur mondiale n’est pas qu’une statistique : c’est un avertissement, un appel à l’action. Pour Kinshasa, c’est aussi une occasion de repenser notre manière de construire, de vivre et d’occuper notre territoire.

Car face aux défis climatiques à venir, notre survie — et notre dignité — dépendront de notre capacité à bâtir une ville résiliente, équitable et durable.

L’heure est grave. Mais elle peut être celle du sursaut.

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